Le problème du manque de fourrages et d’alimentation animale est une des causes de la crise du lait. Mais la principale est liée aux lobbies qui détiennent les rênes de cette alimentation, de ce fourrage que l’on distribue et que l’on vend à qui on veut.
Le jour où le Conseil des ministres a adopté les projets d’arrêtés relatifs à la création de l’Office national de l’alimentation animale et au contrôle de son organisation administrative et financière et de ses modes de gestion, compte tenu des problèmes rencontrés en rapport avec l’approvisionnement en aliments pour animaux et à leur production au niveau local et aux défauts constatés au niveau du système de distribution, le président régional de l’Utica a déclaré que la crise du lait ne sera pas résolue complètement de sitôt, car l’Etat doit prendre de « nombreuses mesures, au lieu de poursuivre les mesures circonstancielles et les solutions pendant la période de pointe de production ».
La même rengaine qu’on nous répète à l’envi, des slogans qui, en fin de compte, ne veulent plus rien dire. Lorsqu’on émet une critique, que l’on relève une insuffisance, on doit absolument émettre quelques suggestions pratiques, prenant en compte la situation présente, de nature à faire progresser un dossier. La déclaration s’est terminée, encore une fois par ce que tout le monde sait : «Le coût de production dépasse le prix de vente du litre de lait pour l’agriculteur, soulignant la nécessité d’augmenter le prix du lait à la production entre 1.800 millimes et 2.000 millimes pour que l’agriculteur puisse entretenir son troupeau ».
De toutes les façons, la décision de créer un tel Office répond à une grande partie de cette question. En effet, le problème du manque de fourrages et d’alimentation animale est une des causes de la crise du lait. Mais la principale est liée aux lobbies qui détiennent les rênes de cette alimentation, de ce fourrage que l’on distribue et que l’on vend à qui on veut, au point de pousser les petits éleveurs, incapables de lutter à armes égales avec les gros du milieux, à liquider leurs troupeaux.
A propos de cette question, on se fait tout discret et rares sont les voix qui s’élèvent pour dénoncer cette mainmise qui a durement touché ce secteur.
Gare à « l’administrite »
La création d’un Office, nous le supposons, n’est pas la mise en place d’une nouvelle administration avec ses lenteurs, sa léthargie, ses chinoiseries pour faire traîner les choses. Ce n’est pas également de nouveaux bâtiments loués à prix d’or, de la moquette, des secrétaires et des climatiseurs, c’est de l’efficacité et de l’administration au sens propre du mot.
La question est urgente et cet Office se doit d’emprunter les raccourcis pour aller vite. Il va sans dire que l’assistance des autres départements et ministères, déjà en place, devrait être automatique. Les demandes et sollicitations, qui seront formulées pour l’exécution rapide des plans d’action de cet Office, ne devraient pas traîner et obéir à la sacro- sainte démarche administrative qui sape tout effort de bonne volonté. Les fourrages, par exemple, se plantent à une saison déterminée. Les aliments pour bétails sont des composés et des intrants dont la majorité nous vient de l’étranger. C’est à cet Office de trouver des substituts, d’encourager le développement et les recherches pour que le pays gagne au change et se déleste de l’énorme poids qui mine à la base bien des secteurs de production.
C’est à lui de monter ses laboratoires ou de s’associer et de motiver ceux qui sont en mesure d’ouvrir ces dossiers, que l’on a toujours escamotés pour ne pas gêner les activités de ceux qui ont pompé à mort les producteurs de lait, de viandes rouges, etc.
Redéployer du personnel
Le ministère de l’Agriculture et ses différents départements regorgent de personnel qualifié. Les techniciens que déversent les Écoles de formation d’ingénieurs ou de techniciens qualifiés sont en grande partie sous-employés. Au sein de toutes les administrations, il y a du personnel qui se tourne les pouces, à la suite des recrutements intempestifs qui ont eu lieu. C’est dire que cet Office devrait puiser dans cette réserve, redéployer du personnel, agir vite, juste et bien.
La tâche ne sera pas facile et c’est la raison pour laquelle il faudrait que ses animateurs soient des « chargés de mission » avec des objectifs clairs et nets. Ils doivent aller vite et mobiliser installations, infrastructures et techniciens sans perdre de temps. Un certain nombre de pays sont passés par là. Nous prenons l’exemple de l’ex-Yougoslavie qui a mobilisé tous les terrains qui appartiennent à l’Etat et les terrains vagues pour planter des ….prunes ! Parce que ce pays possède une liqueur réputée et demandée dans le monde entier et que l’on fabrique à base de prunes. Tout simplement. Ce fruit est à disposition, ne coûte presque plus rien et les bénéfices sont encore plus importants en raison de la diminution des frais.
Nos terres domaniales devraient être mobilisées pour servir de parcours, pour avoir du fourrage, le temps qu’on leur trouve un projet à édifier. Les laisser en friche constitue une perte sèche. Les mobiliser pour le bien de la communauté pourrait même servir à éveiller bien des idées qui se trouvent dans les coins d’un cerveau de nos jeunes. Ou de moins jeunes. Une fois cette question de parcours réglée, on pourra parler d’élevage et de régénération du cheptel et de troupeaux. Rester à la merci d’un bateau qui doit accoster pour nous amener du fourrage équivaudrait à préparer l’échec, le subir et se contenter de se lamenter.